Demain, tout ira mieux, c’est certain. Ou presque. Mais que fait-on aujourd’hui, pour vendre un peu plus d’automobiles en France ? On plastronne, on déclame, on feint de croire à ce qu’on fait, en conservant par devers soi de fortes réserves sur ce qu’on dit ; bref , on joue la comédie. Les Vendeurs n’y sont pour rien, les Concessionnaires pour pas grand’chose; les Constructeurs pour beaucoup. Depuis cinquante ans, c’est comme ça qu’on vend les automobiles : par nécessité, puisqu’il faut bien écouler la production; et en racontant des fables, puisque l’on doit vendre uniquement, sans retenue et en souriant sans sourciller, la marque dont on s’occupe, meme si celle-ci est un réceptacle d’abominations.
Toyota est le plus grand Groupe mondial du secteur automobile, si VW ne lui a pas encore ravi son sceptre. Mais Toyota, dans les douze ou dix huit derniers mois, a rappelé à travers le vaste monde des millions (dix ? douze ?) de voitures défectueuses, ce qui, pour un champion de la qualité, est très certainement une manifestation d’audace. Faut-il en rire ? Certainement pas, d’autres Constructeurs ayant fait aussi mal, sinon pire. Mettons nous cependant à la place d’un Concessionnaire Toyota : ne devrait-il pas intenter un procès à la marque qu’il représente ? Réclamer des dommages et intérets ? Changer de pannonceau ? Le commerce automobile est ainsi fait qu’il lui faut simplement maugréer chez lui si quelqu’un l’écoute, et sourire en public si quelqu’un le regarde. C’est à dire tous les jours sauf le dimanche, du soir au matin dans un cas, et du matin au soir dans l’autre.
Le commerce automobile doit-il continuer à etre la poubelle du secteur ? Il vaudrait beaucoup mieux que l’on mette l’éthique à l’ordre du jour dans les entreprises de l’automobile, en commençant par les Constructeurs et en continuant par les Réseaux. Mais ceci est un voeu pieux dont il ne faut pas tenir compte. Faudrait-il alors confier à un organisme de certification la tache de controler la correction et la rectitude des pratiques commerciales ? On en verrait de belles, puisqu’il s’agirait alors de controler les certificateurs, puis de certifier la valeur des controles… Non, il suffirait sans doute de faire naitre le commerce automobile du 21 ème siècle.
La première mesure devrait consister en une discrimination positive des Concessions multimarque. Ceci veut dire que les primes concédées par un Constructeur à un distributeur multimarque devraient etre supérieures à celles de son confrère monomarque. Le monde à l’envers ? Non: un peu plus à l’endroit, finalement ! Non seulement parce qu’on respecterait mieux, de cette façon, le libre choix du Consommateur; mais aussi parce que le vendeur multimarque n’aurait pas l’obligation de vendre n’importe quoi pour survivre ou meme s’enrichir.
Il faudrait aussi consentir aux Concessionnaires de n’acheter à leurs fournisseurs (c’est à dire aux Constructeurs) que les modèles dont ils ont besoin, dans la quantité qui leur semble opportune. Que l’on y prete attention: c’est aussi un moyen de réintroduire une concurrence plus aigue au sein des Concessions d’une meme marque.
Enfin, il faudrait accompagner vers la sortie (du marché) les meilleurs vendeurs de produits dangereux ou inadéquats, comme on le ferait avec un pharmacien qui vendrait son vieux stock de vaccin anti grippe à un citoyen qui demande une aspirine.